Agrisculpteur verrien depuis 30 ans, j’ai toujours été sensible à la beauté, à l’art, à la lumière, à la fragilité de la vie, et de sa force aussi, à la poésie. 

Etant paysan, agriculteur depuis plus de 40 ans dans la Drôme, je suis conscient de la puissance de la germination, de la force du temps qui passe, je ressens le besoin d’écrire, de réunir et transformer pour amener le regard plus haut.

Comme les vitraux que je réalise, je me situe entre deux, l’intérieur et l’extérieur, la terre et le ciel.

Si je travaille avec le verre, c’est qu’il a pour moi beaucoup de résonances avec les qualités humaines. La sculpture est pour moi la matérialisation des sentiments. Elle me permet d’exprimer mon intimité.

Dans la découpe du verre au diamant et dans l’assemblage avec le fer, le bois, la pierre, la lumière naît de la cassure, de l’éclat et unit les couleurs. J’associe le verre à des outils souvent agricoles ou à des matières anciennes pour exprimer mon sentiment que l’homme doit puiser dans ses racines pour avancer.

Assembler, rassembler des outils, des pensées oubliées, jetés et dans un instant de sincérité, sculpter, leur redonner une nouvelle vie et dire que ce n’est jamais fini.

Du cœur à la main, être le levain pour offrir le pain, et nous éveiller à la notion d’éternité.

En 1991, ma première exposition exprimait la souffrance et la beauté du monde paysan, son accord et sa sensibilité avec la nature mais aussi de son éloignement. Celle-ci s’appelait « De Terrien à Verrien ». Maintenant, je me rends compte que mon histoire se tient ici, essayer de faire sentir à l’humanité le sacré de son existence.  

Pour moi, l’art c’est pouvoir dire, voir, toucher, sentir, goûter la Vie.

Offrir un espace de paix, de liberté. L’artiste ne fait pas pour faire, mais pour dire.

Ecouter l’oiseau chanter, il chante la paix. Regarder un paysan semer, il pousse à la liberté. 

Semer un champ de blé pour nourrir l’humanité,

Sculpter pour continuellement Aimer.    

Bernard Froment